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Dans une période où le mot « incertitude » a pris racine jusque dans les murs de nos logements, la question se pose avec une acuité brûlante : faut-il investir dans l’immobilier en 2025 ou attendre des jours meilleurs ? Ce débat n’est pas seulement celui des experts ou des agences, c’est surtout celui de Monsieur et Madame Tout-le-Monde, qui voient dans la pierre un rempart contre les tempêtes économiques… mais qui redoutent aussi de se retrouver coincés dans un projet trop lourd, mal placé ou mal financé.

Car aujourd’hui, l’immobilier n’est plus ce refuge tranquille qu’on achetait les yeux fermés avec un crédit à 1 % sur 25 ans. Les taux ont explosé, les conditions d’accès au prêt se sont durcies, et les prix, bien que globalement en recul, restent élevés dans les grandes agglomérations. Décryptage !

La pierre, ce faux calme dans la tempête

Pour beaucoup, posséder un bien immobilier, c’est la tranquillité d’esprit incarnée. En cas de coup dur — licenciement, divorce, maladie — être propriétaire, c’est ne pas avoir à se demander où dormir. Et dans un pays où la culture de l’achat reste profondément ancrée, ce n’est pas anodin. Les chiffres confirment d’ailleurs cette appétence : l’immobilier est le troisième placement préféré des Français, derrière l’épargne liquide et l’assurance-vie. Comme l’explique Finzzle Groupe dans ses nombreux articles et interventions, l’éducation financière ce n’est pas seulement du placement spéculatif, mais aussi du patrimoine qui représente une certaine stabilité. Et dans un monde aussi incertain que le nôtre, cette stabilité a un prix… que certains sont prêts à payer.

D’autant plus que le marché commence à lâcher du lest. Depuis le pic de 2022, les prix ont reculé : -5 % pour les maisons, -2,2 % pour les appartements sur les neuf premiers mois de 2024, selon Capital. Des chiffres à relativiser, bien sûr, tant les disparités sont fortes entre les régions. Mais tout de même, voir Paris repasser sous la barre symbolique des 10 000 euros du mètre carré, ça interpelle. Et pour les plus stratèges, la période actuelle peut ressembler à une fenêtre de tir. On achète à prix négocié, on parie sur une stabilisation des taux dans un an ou deux, et on renégocie. Calcul risqué ? Peut-être. Mais pas absurde pour autant.

Oui, mais… investir, c’est aussi s’engager lourdement

On l’oublie trop souvent : l’immobilier, c’est du concret. Et qui dit concret dit imprévus. Un bien mal situé, des travaux sous-estimés, des locataires absents ou indélicats, une inondation, une fissure dans la façade ou une zone devenue inondable du jour au lendemain… Le rêve peut vite tourner au cauchemar. Car mettre plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d’euros sur la table, ce n’est pas une mince affaire. Même si l’idée est de se protéger, on ne s’abrite pas d’un revers en misant tout sur un bien mal choisi ou sur une dynamique locale incertaine.

Et puis il y a le nerf de la guerre, à savoir le crédit. Là où l’on signait il y a trois ans des prêts à 1,2 %, on navigue aujourd’hui autour des 3,7 % en moyenne sur 25 ans. C’est mieux qu’en 2023, certes. Mais on est encore loin des taux plancher qui ont porté le marché pendant près d’une décennie. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette légère baisse ne facilite pas l’accès au crédit. Les banques restent frileuses. Il faut du cash, un CDI bien ficelé, et surtout une capacité à encaisser des mensualités qui ne dépassent pas les 35 % des revenus. Autrement dit, acheter en 2025, ce n’est pas pour tout le monde.

Louer, oui… mais encore faut-il que ça paie

L’un des grands arguments en faveur de l’achat, c’est la promesse de revenus passifs grâce à la location. En théorie, l’idée est belle : le locataire rembourse le crédit pendant que vous accumulez du patrimoine. Et dans certaines villes, le rendement locatif peut être alléchant, notamment dans les zones tendues ou les secteurs étudiants. Mais là encore, gare à l’enthousiasme naïf. Louer un bien, ce n’est pas juste encaisser un loyer tous les mois. Il faut gérer les entrées, les sorties, les éventuels impayés, les travaux d’entretien, la fiscalité parfois décourageante… Et si vous passez par une agence, attendez-vous à céder une part non négligeable de vos revenus.

Quant au prix d’achat, il reste un frein colossal. En 2024, le prix moyen du mètre carré en France est de 3 067 euros. Pour un modeste 50 m², il faut donc aligner plus de 150 000 euros. Sans apport solide, difficile d’obtenir le feu vert des banques. Et il faudra compter sur des marges de sécurité importantes pour faire face à une vacance locative ou à un imprévu budgétaire.

attendre ou investir de suite

Des carottes fiscales… mais pour combien de temps encore ?

Le cadre fiscal est un autre levier à prendre en compte. Des dispositifs comme la loi Pinel ont séduit nombre d’investisseurs en quête de défiscalisation. À condition, évidemment, de respecter les règles du jeu : logement neuf, plafonds de loyers, engagement sur plusieurs années… Mais la fête touche à sa fin. Le Pinel classique a pris fin en 2024, et les réductions fiscales sont d’ores et déjà en baisse par rapport aux années précédentes. Reste la version « Pinel Plus », plus exigeante sur la performance énergétique, mais qui suppose des coûts plus élevés à l’achat.

On peut aussi citer la loi Malraux ou les dispositifs pour la location meublée non professionnelle (LMNP), mais là encore, ce sont des niches avec leurs propres contraintes. En clair, les avantages existent, mais ils s’effritent. Et miser uniquement sur la carotte fiscale pour rentabiliser un projet, c’est prendre le risque de construire sur du sable.

Investir ou attendre : la vraie question à se poser

Alors, faut-il sauter le pas ? La réponse dépend autant du marché que de vous. De vos projets, de votre situation personnelle, de votre tolérance au risque et de votre capacité à absorber un crédit dans la durée. Si vous avez un emploi stable, un bon apport, et que vous trouvez un bien bien placé à un prix juste, l’opportunité peut être réelle. En revanche, si vous hésitez, que vos finances sont fragiles ou que vous comptez sur des aides qui pourraient disparaître, mieux vaut patienter.

L’immobilier, ce n’est pas un coup de poker. C’est une vision sur le long terme, un arbitrage entre risque et sécurité, entre rentabilité et tranquillité d’esprit. Et surtout, c’est une décision qu’on prend en pleine conscience, pas parce que tout le monde autour de soi achète. Tout cela pour dire qu’en 2025, investir dans la pierre reste une option sérieuse. Mais ce n’est plus une évidence. Et c’est peut-être mieux ainsi.